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 Interview de Drokz (Octobre 2003) 
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Sheper imperturbable
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Deuxième interview en un an (lire la première interview - octobre 2002) avec Richard Koek (DJ Drokz), figure emblématique du hardcore hollandais, chez qui l’enthousiasme le dispute à la courtoisie. Auteur de morceaux des plus fins (Rebelscum 11) aux plus primairement efficaces (sur Cunt, son label arrêté fin 2002 après la sortie de la onzième référence - sans compter celles des sous-labels), DJ donnant dans le speedcore cartoonesque comme dans le hardcore saccageur, manieur de foules à l’habileté démoniaque, ancien MC des Thunderdome, Drokz donc révèle une sympathique fraîcheur et un recul éclairant le hardcore depuis ses tréfonds les plus effrayants - d’où certains propos marquant un joli contraste culturel. Un regard depuis la Hollande, l’autre pays du hardcore, là où la fièvre ne s’éteint pas quand pâlit l’effet de mode. DJ Drokz le musicien accompli, Richard Koek le party animal : c’est parti.

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SZ : Le hardcore est-il toujours de la rave music ?

Drokz : On n’utilise pas le mot « rave » ici. Pour moi, rave signifie grosse soirée.

SZ : La rave est-elle toujours vivante ?


Drokz : Selon ma définition (voir réponse précédente) oui. Thunderdome en octobre sera aussi grosse que d’habitude (au moins 15000 personnes).

SZ : Le hardcore est-il toujours hardcore ?

Drokz : Le hardcore est à son meilleur niveau en ce moment. Il comporte tellement de styles maintenant. Du cheesy au speedcore, il y a de tout. La dernière génération de DJs jouent différents styles au cours d’un set (enfin !) et le niveau de la production est vraiment élevé. Mais certains disques perdent cette sauvagerie que le hardcore est supposé avoir. Cependant cela arrive à toutes les formes de musique, du rock’n’roll au hip-hop. Cela commence dur, abrasif et sauvage, et ça se répand via des productions légères et douces. Par exemple, prends « Dopeman » de N.W.A. et compare avec un morceau de Ja Rule & Ashanti.
Finalement, le hardcore sera toujours hardcore, pensé-je... Héhé.

SZ : Vos productions telles que le Headfuck 16, Rebelscum 11, North Radical Limited 01 montrent qu’avec le temps, vous programmez une musique plus deep. Des sons de kick très personnels, des fréquences très profondes pour des tracks narratifs. Cela correspond-il à l’accession à une sorte de sagesse musicale, après des années de flingages speed (sachant que vous mixez speedcore très souvent) ?

Drokz : Musique plus deep ? Je pense que si les gens écoutent des vieux trucs de Creatures Of The Occult comme "Warriors Of The Evil One" ou "Sickko" (un collectif dont je suis membre), ils seraient surpris de constater à quel point le speedcore peut être deep.
La raison pour laquelle je commence à faire des titres plus lents est probablement que le temps était venu. Si j’avais sorti les tracks du Rebelscum 11 il y a 3 ans, personne ne les aurait écoutés, probablement - c’eût été trop différent, alors que maintenant les gens sont prêts pour ça. Je dois admettre que j’ai été très influencé par de réguliers bookings en Angleterre, où j’ai entendu des gens comme Producer, Simon Underground... Et aussi par Manu le Malin (je pense que c’est le DJ hardcore n°1, d’ailleurs). Ils m’ont amené un feeling dur, deep et groovy.

Même en Hollande les choses ont changé. Je n’aurais jamais espéré les styles bien durs de Promo il y a quelques années et des gens comme Ophidian et Void Settler sont de vrais talents produisant un hardcore tel que je peux m’en inspirer pour en faire plus. Ce que j ’essaye de dire est que pour toute chose il y a le bon moment et le bon endroit (sauf pour le hardstyle et la trance hahaha) pour moi. C’est comme une route sur laquelle je marcherais.
Ah oui ! Il n’y a qu’en France où je joue de la musique plus lente. Normalement je joue à partir de 200 BPM et au-delà...


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SZ : Comment expliqueriez-vous que la plupart des DJ hollandais jouent des phases courtes entre deux disques ? En France les DJs jouent les disques ensemble plus longtemps. Est-ce une question de culture de l’efficacité ?

Drokz : Les disques que jouent la plupart des DJs sont d’avantage faits comme des chansons plutôt que basés sur une trame techno, donc ils sont construits pour que l’un tranche l’autre, donc être tranchés. Notre culture est basée sur le mix haché et des phases courtes. Ça dépend aussi du sound-system. Je joue souvent sur des sound-systems horribles avec des retours minables (ou pas de retours du tout !) donc je fais des phases courtes. Filez-moi un bon matériel et je jouerai des phases de plus en plus longues dans mes mix.

SZ : La vérité : pensez-vous à manger des cerveaux quand vous composez vos morceaux ou mixez ? Vous avez faim de neurones ?

Drokz : J’aurais bien l’usage de neurones supplémentaires hahahaha, mais je n’ai pas faim.

SZ : Vous êtes plus machines ou tout-PC ? Quelle est votre configuration technique, et qu’y voyez-vous comme avantages ?

Drokz : Les deux. Je travaille à la maison sur mon PC (un putain de lent hahaha) et aussi au General Noise Studio avec du matériel sérieux comme des Roland Alpha Juno 2, 505, 909, JV2080, JP-8000, Juno 106. Aussi un Nordlead en rack, Supernova, etc... On a trois tables de mixage, Yamaha Pro 01 et Pro 02 et une Beringer (juste pour la 909). L’avantage du PC est que tu peux éditer comme un fou, mais je dois dire que le hardware sonne quand même plus chaud et phat. Aaaah oui, je travaille avec Cubase seulement !!! Ne pas chercher la logique hehehe.

SZ : Qu’est-ce qui vous fait douter de votre art et comment vous sortez-vous de ces mauvaises passes ?

Drokz : C’est quelque chose que je ne peux expliquer. Le feeling est là ou pas. Cela relève du mystère. Et je doute toujours de mon art. C’est la part la plus étrange de ma personnalité. D’habitude je suis sûr de ce que je fais ou dis, mais quand il s’agit de créer/jouer de la musique... Je me demande toujours si les gens aiment ce que je fais.

SZ : Quelle fut la première soirée hardcore où vous vous rendîtes ? Qui était le jeune Richard Koek avant cette soirée ? Et comment il était après ?

Drokz : Hehe, maintenant je vais dévoiler mon âge... C’était en 1989 ou 1990 (mauvaise carte mémoire dans ma tête) dans un club d’Amsterdam appelé Paradiso. Il n’y avait que de la house (pas de musique club, techno ou hardcore). J’avais dans les 18 ans et je matais la prestation des types de Quazar. Ils ont joué un morceau nommé « Seven Stars », 100% en live, avec un break de 2 minutes. Et le kick est revenu et je n’oublierai jamais l’énergie de ce moment.
Ma première soirée hardcore : Eurorave 2 à Rotterdam. Un gros évènement à l’extérieur, qui m’a scotché au hardcore.

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SZ : Maintenant que le hardcore a une histoire, quels éléments considérez-vous qu’il soit important de transmettre aux nouvelles générations de party people ? Est-ce plus une question de musique ou d’état d’esprit ?

Drokz : Un esprit ouvert à toutes les formes de hardcore et une rebel attitude. « C’est ma musique et si tu ne l’aimes pas, va te faire foutre ».

SZ : Rebel attitude ? En France, un bon nombre d’amateurs de hardcore pensent que cette musique ne devrait rien avoir à faire avec l’argent. Donc, une réponse typique à cette question serait : comment pouvez-vous parler d’une attitude rebelle en étant si proche des organisations telles que Thunderdome & co. ?
Par ailleurs, où, dans un track de Drokz (ou un bon track hardcore en général) peut-on entendre la rebellion ? Sans paroles, il est difficile de situer l’attitude rebelle dont vous parlez. Et au fait, c’est pas un truc de rockers, formaliser la rebellion dans la musique ?


Drokz : Ouaiiiiiis, bon, l’attitude c’est plutôt « Si tu n’aimes pas ma musique, mes tatouages, mon look, etc... ou la façon dont je mène ma vie, alors va te faire foutre ». Je me fous de ce que tu penses. C’est la même pour ce qui est de l’argent. Où est le problème avec ça ??? Je viens de ce qui s’appelle la "working class" et j’ai appris que si tu travailles dur tu mérites de gagner de l’argent pour ça. Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit, l’argent ne vient pas en premier. La musique sera toujours prévalente.
Mais les promoteurs de soirées font de l’argent, les labels et les distributeurs en font, alors pourquoi n’en aurais-je pas ma part ? Pour ce qui est de la musique, l’argent signifie avoir un meilleur studio pour faire des morceaux meilleurs et plus dingues. La free-party est plus idéaliste et je respecte ça. Je pense qu’il est bon que les gens entendent différentes choses. Sans la scène free-party je pense que je n’entendrais pas de son vraiment underground comme celui des Hardcoholics, le crew Deathchant et ainsi de suite.
Cela tient peut-être aussi à la culture hardcore dans laquelle je suis. Depuis le début le gabber est très important (et à son sommet en 1997 il y avait 300000 gabbers dans notre petit pays), et public important signifie gros business quelle que soit la scène. Et puis la free party n’est pas aussi importante ici.
Le meilleur exemple de tracks avec des vocaux bien rebelles sont les vieux morceaux de D.O.A. (Industrial Strength), que je joue toujours. Sans vocaux, le meilleur que je connaisse ? Quelques tracks des débuts de Micropoint. L’envie de lever le bras en l’air, d’envoyer un doigt à tout le monde et dire ’Fuck you’. Cet esprit-là !

SZ : Avez-vous des relations avec l’Amérique du Nord ? Quel est votre regard sur leur scène ? C’est un territoire vierge à conquérir ?

Drokz : J’ai rencontré des artistes américains et la scène est petite là-bas. Il y a trop de hip-hop, R&B, rock. Pour ce qui est du hardcore, la plupart des gens aiment les plans lalala avec bâtons lumineux et compagnie. Je vais faire un remix de gros speedcore pour un groupe metal... On va voir.

SZ : Que se passe-t-il quand vous atteignez les 350 BPM quand vous jouez ? Le speedcore, en fait.

Drokz : L’enfer sur terre ! Et (selon moi), le bon speedcore a un deuxième tempo. C’est le secret. Danse sur une rythmique ou des sons à 150 BPM et laisse le kick sans pitié à 300 BPM t’hypnotiser. Avec la plupart des gens ça prend du temps pour entrer dedans.

SZ : Allez-vous toujours sur le dancefloor pendant les soirées ? Vous avez souvent le point de vue depuis l’autre côté des platines , celui de la foule ?

Drokz : Je vais te dire un petit secret... Je ne suis pas vraiment un DJ professionnel, c’est pourquoi je n’ai pas beaucoup de bookings par mois et pas, comme aux temps anciens, plus d’un booking par nuit. Je veux apprécier de mixer mes disques et la plupart du temps j’arrive tôt dans une soirée pour faire un peu la fête. Les DJs professionnels jouent beaucoup chaque weekend, arrivent et repartent en vitesse. Naaaan, pas mon genre. La connection avec la foule est une des choses plus plus importantes pour moi.

SZ : Qu’avez vous note comme différences principales entre les comportements des raveuses et des ravers quand vous jouez ?

Drokz : Les filles aiment plus le groove, et les mecs veulent que ça tape (comme pour le sexe).

SZ : Êtes-vous branché par une autre forme d’art que le hardcore ? Dites-en un peu plus sur le Richard Koek hors de la scène.

Drokz : Hahahahaha ! Le sexe est-il un art ? Boire de l’alcool et fumer ? Hahaha ! Non, je suis trop occupé avec la musique pour faire autre chose. Je dirais que le tatouage est une autre forme d’art qui me branche. Je chope des livres et des magazines à ce sujet et j’apprécie d’en voir de beaux. Par exemple, Manu le Malin a un haut-parleur qui crache tatoué par TinTin. Un chef d’œuvre. Un jour j’irai à New York pour me faire tatouer par Paul Booth (le roi du tatouage selon moi). Je collectionne les tatouages au lieu des peintures.
Je ne lis pas beaucoup de livres, surtout des biographies. Ma préférée est « Monster » de Leon Bing. C’est sur un leader Crip (gang de Los Angeles). Le plus dur ! Mes films préférés sont les Hellraiser 1 à 4 (le 5 est naze). Clive Barker est le plus malade. Il rêve de ces trucs ! Putain d’esprit tordu !!!

SZ : Pourquoi avoir arrêté Cunt Records ?

Drokz : Je l’ai poignardé et flingué et j’ai creusé la tombe. Pour le reste, pas de commentaires.

SZ : 10 ans de gabber - Maladie mortelle ou héritage ?

Drokz : Maladie et nous sommes tous contaminés, ha ha ha !


Dr Venkman (signal-zero)

_________________
Hardcore moi j'dis !!! Image


Ven Juin 01, 2007 11:40 am
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