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 interview de Budburnerz(Mars 2001) 
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Sheper imperturbable
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Interview BudBurnerz par Psykaos - 20/03/2001

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Psykaos - On vous présente comme un des lives hardcore les plus novateurs actuellement. Pourtant on sent comme une nostalgie du vieux gabber et des sons old school dans certaines de vos productions. C'est pas un peu paradoxal ?

Budburnerz - Nostalgie oui et non. Nostalgie d'une énergie, d'une ambiance et de certains artistes disparus (mais où te caches tu LoftGroover!!!), de certains morceaux. Mais comme on dit : ça ne sert à rien de se retourner sur le passé et de pleurer ; on a vécu une époque mortelle et je pense que ça ne sert à rien d'essayer de la faire revivre moins bien, il faut aller de l'avant. On ressent effectivement une influence de ce qui nous a fait péter les plombs à l'époque, on essaie de faire ce qu'on kiff mais à notre sauce. On fabrique des sons de synthés, des break et des rythmiques à longueur de journée donc il y a forcément des sons qui ressemblent à ce qui a été fait, mais on construit différemment en essayant d'innover. Nos compos sont toutes très différentes, on produit aussi beaucoup de break beat (tous styles confondus) en vue d'un nouveau label Broken Legz, première sortie Mai 2001. On ne se met aucune limite dans la compo, les repères musicaux de chacun sont très divers, car on vient tous de milieux différents, mais à chaque morceau fait, tout le monde le kif et il n'y a jamais de mésentente au niveau des prods.

Psykaos - Avez-vous encore des potes dans le hip-hop ? Si oui, comment jugent-ils votre style actuel ?

udburnerz - A la base nos potes c'est nos potes, et le mouv' musical c'est autre chose. On s'est tous rencontrés bien avant d'écouter de la musique électronique. Du coup on a un assez bon feedback de la part des personnes qui sont dans le hip-hop, modéré évidemment plutôt du genre : c'est vraiment de la musique de barré ce que vous faites (et quand t'entends un break t'entends : " ouais ça tue là je kiffe! "). On envisage des collaborations musicales avec certains, on a même des demandes d'instrus, donc à voire... Donc quelque part c'est pas trop mal perdu au niveau musical, de plus on fait des trucs jungle et break et ça ils kiffent. On a aussi beaucoup de potes et de gens avec qui on travaille qui sont dans la house et les trucs plus grand public, qui ont à peu près la même réaction voire un peu plus positive pour certain. De toutes façon au bout d'un certain temps que tu lâches pas l'affaire ça veut dire que t'est passionné, et les artistes le voient.

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Psykaos - Parlez-nous de votre parcours dans la tekno et les teufs. Qu'y avez-vous trouvé ? Ou perdu ?

Budburnerz - On a tous commencé à sortir vers 1991, 1992 et on a suivit ce que l'on peut appeler le mouvement des grosses raves jusqu'à ce que les styles se séparent. Là on a choisi le hardcore(1994/1995) avec les teufs de Liza et tout à ça. Puis, on en est venu aux Free, au début ça tuait (Nomades, Psykiatrix, OQP, SP23). Quand ça a commencé à se dissoudre en petites bandes on a continué à trainer et on a suivi un peu Mark aka The ShapeMaker et Laurence aka The Stormcore Mamma quand ils ont lancé le fameux label Stormcore avec leur fameux SweatShirt. Ensuite c'est parti en super sucette, et on a été saoulés donc on s'est enfermé et on a fait de la zic. Je pense qu'on a trouvé une passion dans la musique électronique et qu'on a rien perdu car quand même : qu'est ce qu'on a bien rigolé...

Psykaos - Je sais que l'un de vous (UZI mind) est un ancien de G.T.I. Que deviennent les autres membres du collectif ? Est-ce une de vos influences ?

Budburnerz - UziMind a été avec les GTI en tant que DJ avec Deviant et MeinHoff et il traînait beaucoup avec eux, avec Smoke et les LKJ Sisterz. Je pense qu'ils sont arrivés comme ils sont repartis : comme une bombe !! Ca a apporté un pur souffle mais ça a duré une trop courte période. Ils étaient tellement qu'ils se sont embrouillés et qu'ils sont partis tous chacun de leur côté faire ce qu'ils kiffent. Y'a un peu d'influence parcequ'on a grave kiffé!

Psykaos - Justement par à rapport à ce vous disiez, la vague break c'est un truc énorme.Vous pensez que ça signe la fin du bon vieux binaire ou le 4/4 est-il inhérent à la tekno ?

Budburnerz - Le break beat est effectivement en train de prendre une bonne part de marché avec les Aphex Twin et autre Squarepusher. C'est un mouvement très actif depuis un bon bout de temps en Europe et dans le monde. Il y a avait déjà en 1992 des labels du type White Breaks de Marc Arcadipane de PCP qui faisaient des trucs mortels, mais ça a été très mal relayé en France et les gens ont occulté le break jusqu'à la première grosse vague en 1993-1994. La France connaît un très grand retard par rapport au break. Chez nous on a la chance de venir, comme je te l'ai dit, de milieux musicaux très différents, et donc on une très grande culture musicale. Pour ma part, par exemple, c'est le break beat en 1992 qui m'a amené à la techno et aux raves ; Virus et Probe ont longtemps écouté du hip-hop et donc ont une très forte culture break également. On ne peut pas parler de mort du 4/4 ou du binaire. Je pense que le break donne plus d'ouvertures au niveau de la compo, aussi bien au niveau de la rythmique que de ce qui va se coller autour. Le public est plus ouvert et plus réceptif et je pense que l'on va voire un mouvement à part entière, avec des bons trucs et d'autres, mais ce sera beaucoup plus grand public. Mais je ne pense pas, en tout cas pour nous, que si ça marche super fort on va laisser tomber le Hardcore, on aime autant les deux styles et je crois qu'il y a autant de choses à construire en France.

Psykaos - Comment s'organisent vos lives (matos, part d'impro, intervenants etc.) ?

Budburnerz - Les lives sont composés d'une part d'impro et d'une part de morceaux que l'on met entre deux phases d'impro afin de changer de synthés et sets de rythmiques. On utilise tout notre matériel pour ça :
- Trois PC synchronisés : Un avec la master track dans Cubase avec une carte son Pulsar de Creamware, un autre à partir duquel on compose les synhtés en live durant les impros ( Réaktor, Pro5,...) avec un clavier midi ou deux et une carte son Gina 8 sorties, et enfin, un dans lequel se trouve une autre partie de live (celle de Gorghorgh et Kalaim) avec une Yamaha DS2416.
- Une MPC2000XL
- Une Mackie 32/8/2
- Un sampleur Roland
- Un multi-effets TC electronic
- Platines avec scratchs, dans certains cas
Pour certaines phases de live on ajoutes de phases composées dans acid que l'on synchronise avec les rythmiques composées en live dans Rebirth (qui devrait maintenant être remplacé par Reason).
Lorsque nous faisons un live nous participons tous : Probe est en charge du bon déroulement et de la conception de la master track. Il participe également au live en composant les rythmiques, en temps réèl dans Rebirth. Gorhgorh prend également en charge les rythmiques et les tracks acid avec Kalaim , Virus est en charge de la MPC2000XL et Kalaim et moi prenons en charge la composition de mélodies et la programmation de presets dans le synthés que nous jouons en live durant la performance ; Virus et moi prenons en charge les scratchs quand il y en a. En général nous répétons une ou deux semaines avant afin d'être fins prêts.

Psykaos - Avez-vous vu " Le pacte des loups " ? Ce film me fait un peu penser à votre son : gros mélange de genres assez déstabilisant. Vous pensez que l'avenir du hardcore passe obligatoirement par la fusion avec d'autres styles ?

Budburnerz - Non, aucun de nous n'a vu le pacte des loups, on a pas trop le temps car on vient de prendre un bureau avec notre équipe de graphistes (6 personnes) et notre studio, donc pas de news cinéma. Moi j'ai envie de le voir, c'était bien ? ? La fusion est un style comme les autres. Je ne pense pas qu'il y ait d'obligation à ce niveau, nous on a toujours bossé comme ça donc on peut plutôt dire que c'est notre style, on fait pas ça pour innover (car dans le vielles prods il y avait beaucoup de guitare, hip-hop etc). On s'inspire de tout ce que l'on trouve et on ne se met aucune limite, pour nous il n'y a pas de modèle de Hardcore ou tout autre style que ce soit. Les gens se sont mis dans des boîtes pour avoir des repères, nous on veut casser ces repères, pour que la musique soit accessible à tous. On peut effectivement imaginer que l'on touchera un public plus large si il y a un MC qui se pose, mais si le MC chante comme avec son groupe, il n'y aura rien d'innovant dans sa manière de chanter et du coup ça n'aura pas la même impact. Pour répondre à ta question la fusion, selon moi, n'est pas un passage obligé, mais bien fait ça peut effectivement donner une souffle nouveau.

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Psykaos - C'est quoi l'ambiance quand vous composez ? fumette-pizza-bières ? mysticisme Zen ? prise de gueule sur le son de la caisse claire ?

Budburnerz - Bonne question, car on a effectivement rencontré un certain nombre de personnes qui s'étonnaient qu'on soit autant (5) à figurer sur un même vinyle, voire 5 à bosser sur le même morceau. On a eu des question du genre : " Mais vous vous embrouillez jamais quand vous faites un morceau ? ? " Cette question nous a surprise car à aucun moment depuis trois ans qu'on travaille tous dans 15m²; (80m² depuis deux semaines ! ! !), on ne s'est jamais embrouillé ni sur les morceaux d'un tel ou un tel à mettre sur le vinyle, ni sur le kick comme ça ou la nappe comme ça. C'est quand même idiot quand tu fais partie d'un même groupe de se prendre la tête comme ça, je dirais même que c'est un frein à la créativité. Si tu te prends la tête quand tu fais un morceau parce que tu sais pas si machin va aimer ton kick, ou si truc va aimer ta nappe ; du coup tu vas te mettre des limites dans ta compo pour faire comme truc ou machin. C'est un peu nul je trouve et surtout la créativité en prend un sacré coup quand elle est limitée. Chez nous se serait plutôt fumette (mais ça c'est tout le temps BudBurnerz oblige), coca (personne ne boit de bière ou d'alcool) et riz (car on a un rice cooker et les pizzas en face du bureau sont un peu chères, Bastille oblige). On travaille vraiment dans une très bonne ambiance et c'est ça qui nous permis d'avancer rapidement et de passer au dessus des embrouilles que tu peux rencontrer avec des gens avec qui tu travailles et que tu connais depuis peu de temps. Comme je t'ai dit on se connaît depuis au moins 10 ans voire 15 pour certains, du coup si il y a bien une chose dont on est surs c'est de la où on veut arriver.

Psykaos - Justement, où voulez-vous arriver ? ?

Budburnerz - On veut tous arriver à faire notre vie avec notre art. Après on verra comment et quelle ampleur ça va prendre. On a beaucoup de projets artistiques-multim�dia qui font intervenir tout ce que l'on fait. On s'est récemment mis avec un groupe de potes (System Dezign) qui font de la créa (dessins, animations 3D, infographie, internet) et donc, on a des projets comme des dessins animés, des films, des clips qui nous permettrons d'attaquer un public plus large toujours en collant à notre style (Extrême mais sans se prendre au sérieux). Après on aimerait tous avoir une île à nous, avec un jet privé, un hélico (pour aller faire les courses), un bateau, des grands champs de canna (à sucre ou à bis ? ?), et puis des comptes en Suisse (surtout) pour pas avoir à trop travailler car comme on dit : travailler c'est trop dur.

Psykaos - Vous sentez-vous proche d'artistes comme Alec Empire et toute la clique DHR qui mélange hardcore et revendications militantes ?

Budburnerz - Oui et non. Oui car on est un groupe uni, et on a construit ça à partir de relations qu'on a eu avant de connaître la musique, du coup on est très soudés et on est tous d'accord (sauf sur la bouffe et encore). Je pense que l'unité fait la force d'un groupe, et nous une chose est sure : on est uni. Non car on ne revendique rien dans notre musique, et c'est ça qui la rend accessible à tout public. Il est très difficile d'avoir des revendications sans paroles, du coup certains revendiquent par l'image qu'ils se donnent via les pochettes, les titres, d'autres ajoutent des paroles. Nous on ne fait rien de tout ça. Les pochettes sont selon l'humeur de nos graphistes et le reste suit. Les noms des morceaux n'ont rien à avoir non plus. Après on va créer un parti politique et on va élire Gorghorgh comme président de la république (ça va être drôle!) Non sérieusement, on préfère laisser ça à des personnes qui s'investissent à 100% dans le militantisme et leur apporter notre soutien. Par exemple Mark aka The Shapemaker, père fondateur de Stormcore (label+visuels) vient de créer un mouvement en Angleterre qui s'appelle SPOR23, qui milite contre la mondialisation, la destruction de la planète etc. Ce que nous on peut faire pour lui c'est en parler, se déplacer aux évènements qu'il organise et jouer : Make Some Noise !

_________________
Hardcore moi j'dis !!! Image


Mer Juin 27, 2007 4:13 pm
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